Décapages au jet abrasif Dossiers publics Risques chimiques Décapages au jet abrasif Au début des années '90, des études de la CSST et du Réseau de la santé ont permis d'identifier plusieurs cas de silicose chez les travailleurs québécois. Elles ont également fait ressortir le lien entre cette maladie et l'exposition à la silice, même pour des périodes d'exposition relativement courtes. Pour contrer ce problème de santé et améliorer les conditions de travail par rapport à la silice, plusieurs partenaires du domaine de la santé au travail (CSST, Réseau de la santé, diverses ASP, IRSST) se sont concertés et ont développé un programme d'intervention intégré (PII) ayant pour objet les activités de décapage au jet d'abrasifs, reconnues pour leur fort potentiel d'exposition à la silice. Les objectifs du programme se sont centrés sur : l'élimination des cas de silicose aiguë et accélérée, le contrôle ou l'élimination de l'exposition à la silice, la formation et l'information aux travailleurs et employeurs sur les risques à la santé liés à la silice ainsi que les moyens de réduire ou d'éliminer cette exposition (réduction à la source, équipements de protection individuelle), l'utilisation de méthodes adéquates de manipulation des produits et d'entretien des équipements et la conformité des équipements de protection ainsi que leur utilisation et entretien adéquats. Les interventions du Réseau de la santé ont porté sur les trois premiers éléments ; ce bilan évaluatif couvre donc le fonctionnement et les résultats obtenus en rapport avec ces trois items. Compte tenu des objectifs du programme, les activités ont porté sur la surveillance environnementale (Réseau de la santé), la surveillance médicale (Réseau de la santé), la formation et l'information (Réseau de la santé, CSST, ASP), ainsi que le recours à la contrainte (CSST). Les établissements ciblés initialement par le programme étaient ceux effectuant du décapage au jet d'abrasifs dans les secteurs de la construction, de la réparation de carrosseries automobiles et de l'industrie navale, soit environ 1200 entreprises. Rapidement, des entreprises d'autres secteurs se sont ajoutées (principalement des garages et concessionnaires automobiles) pour en arriver à une clientèle ciblée de près de 2000 établissements. Au total, 1974 établissements ont été rejoints par les intervenants du Réseau de la santé. De ce nombre, 808 établissements (41 %) avaient des travailleurs exposés à la silice en début de programme. En fin de programme, près de 89 % des établissements qui utilisaient de la silice en début de programme, et pour lesquels un portrait environnemental a été réalisé par les intervenants du Réseau de la santé, avaient éliminé l'exposition à la silice. Un autre 8 % utilisaient toujours la silice mais dans des situations d'exposition contrôlée, c'est-à-dire égale ou inférieure à la norme. Les travailleurs et employeurs de 1 039 établissements ont également bénéficié de sessions de formation/information en milieu de travail sur les risques à la santé liés à la silice ainsi que les moyens de réduire ou d'éliminer cette exposition (réduction à la source, équipements de protection individuelle). Le programme a permis de dépister 49 travailleurs (sur près de 3 000 suivis) ayant potentiellement une silicose liée à leur exposition en milieu de travail. En fin de programme, une vingtaine de diagnostics finaux étaient connus, et tous confirmaient une silicose. Plusieurs de ces travailleurs avaient moins de 10 ans d'exposition à la silice. Les résultats du programme ne laissent aucun doute quant à son efficacité. Toutefois, un mécanisme de suivi post-programme des établissements s'avère essentiel pour assurer la pérennité des résultats obtenus. En effet, un questionnaire complété auprès d'une centaine d'établissements dès la fin du programme, a permis de constater un retour à l'utilisation de la silice par une portion non négligeable (8 %) d'entre eux.